Suite à la plainte de l'UFC-Que choisir, différents acteurs de l'industrie ont réagi ces derniers jours.
Comme on pouvait s'y attendre, l'action entreprise par l'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a fait réagir. D'abord, évidemment, le Syndicat des Editeurs de Logiciels de Loisirs (SELL) en la personne de James Rebours, président du syndicat et accessoirement directeur général de SEGA France et Allemagne.
Le responsable s'est exprimé dans les colonnes de nos confrères de Gamekult et a fait joué la langue de bois pour éviter de répondre aux épineux problèmes soulevés par le journaliste Thomas Cusseau.
Droit dans ses bottes
James Rebours commence par critiquer la méthode utilisée par l'UFC-Que Choisir dans le cadre de son enquête : « Nous dénonçons la pertinence de l'étude UFC-Que Choisir, d'abord car elle n'est pas basée sur un panel représentatif de joueurs, mais sur un appel à témoignages, aux alentours de 500 types de commentaires d'expérience négative. Et ce n'est pas un reflet de ce qu'on peut trouver sur l'univers du jeu vidéo. La méthodologie traitée donne l'impression d'un gros phénomène général, ce qui n'est pas le cas. ». Une méthodologie qui peut évidemment être discutée mais lorsqu'il s'agit de répondre à la grogne des joueurs sondés par l'étude, James Rebours ne se montre pas aussi frontal.
Au sujet des politiques éditoriales faisant la part belle aux DLC et plus particulièrement aux contenus extraits des jeux pour être vendus séparément sur les plateformes de téléchargement (notre confrère mentionne justement l'exemple d'Assassin's Creed II), James Rebours estime que : « [les DLC] ne sont pas toujours produits en amont. Il y a une vraie réponse de la part des éditeurs. [...] Si vraiment, comme le dit l'enquête, on se moquait des joueurs avec des DLC à vils prix, ils changeraient d'univers ».
Même discours fuyant au sujet des codes à usage unique débloquant l'accès au jeu en ligne, de plus en plus répandus. James Rebours y voit plutôt une manière pour l'éditeur de « savoir avec qui il est en relation, et c'est ce que permet le principe de code d'activation ». Et lorsque notre confrère évoque la légitime insatisfaction du joueur / consommateur privilégiant l'occasion pour assouvir sa passion, le président du SELL lui répond avec aplomb : « Je vais prendre une comparaison qui vaut ce qu'elle vaut, mais lorsque vous achetez une application sur Android ou iOS, vous ne pouvez pas la revendre. Là, au moins, si on considère une valeur au mode solo et une autre pour le mode multijoueur, le joueur peut revendre la valeur du mode solo. ».
L'UFC-Que Choisir contre-attaque
Avant de répondre aux questions de nos confrères de Gamekult, James Rebours s'était déjà exprimé dans les colonnes du magazine Challenges et c'est à cette interview qu'a choisi de répondre Alain Bazot, président de l'UFC Que-Choisir, sur son blog. Après avoir souligné la vivacité des réactions suscitées par l'étude de l'association, Alain Bazot en vient aux propos de son nouvel adversaire : « Mr Rebours estime que les 560 témoignages cités par l’UFC-Que Choisir ne sont pas représentatifs. Pas de chance : les témoignages continuent d’affluer, et le soutien des joueurs sur les sites et blogs spécialisés est massif. Ce qui est assez naturel puisque ce sont les joueurs eux-mêmes qui nous ont les premiers alertés sur les dérives du marché. ».
Le président de l'association ne manque d'ailleurs pas de dénoncer la langue de bois de son homologue du SELL : « si James Rebours nie toute mauvaise intention dans la difficulté pour les joueurs de revendre leurs jeux (dont certaines parties sont protégées par un code à usage unique), tout le monde ne pratique pas la même langue de bois ! Dans une interview accordée en août 2010, le directeur créatif de l’éditeur THQ, Cory Ledesma, assume franchement : « Je ne pense pas que nous nous souciions vraiment de savoir si ces acheteurs [de jeux d'occasion] sont satisfaits ou non de nos produits. Car les acheteurs des versions neuves obtiennent tout du titre. Contrairement aux acheteurs d’occasion, qui n’ont pas toutes les fonctionnalités en ligne. […] Nous voulons que les gens comprennent que quand ils achètent des jeux d’occasion, ils nous trompent. » ». Sa conclusion est d'ailleurs sans détours : « L’objectif est clair, opposer au jeu truqué des pratiques commerciales des fabricants et distributeurs un franc et massif : game over ! »
Philippe Cougé y va cash
A noter enfin que l'enseigne Game Cash, spécialisée dans le jeu d'occasion, n'a évidemment pas manqué de saluer l'initiative de l'UFC-Que choisir tout en la qualifiant de « bien tardive et pas assez exhaustive ». Selon Philippe Cougé, président de Game Cash, « derrière le fallacieux prétexte de lutter contre le piratage [...] se cachent deux objectifs bien moins avouables : obtenir de façon contrainte des bases de données clients que l'on espère captifs et squeezer à terme les distributeurs [et] augmenter honteusement et de façon détournée des profits déjà confortables et faire plusieurs fois la culbute sur une même galette CD ou Blu Ray (cas unique dans la distribution de produits physiques !) ».
Bref, la bataille juridique ne fait que commencer entre l'association de défense des consommateurs et les trois distributeurs et quatre éditeurs désignés par la plainte. Une bataille qui commence à prendre les allures d'une guerre ouverte ...