Cible désignée de tous les médias dès lors qu'un drame implique un joueur, le jeu vidéo est une nouvelle fois montré du doigt.
Il y a quelques jours, la Norvège a été le théâtre d'une tuerie perpétrée par un certain Anders Behring Breivik. Il n'est bien sûr pas question pour nous de traiter de ce drame, Jeuxvideo.fr n'étant pas le lieu pour débattre de ce genre de tragédies, mais puisque la question des jeux vidéo a une fois encore été évoquée, nous voulions réagir.
Si l'on en croit les médias, Anders Behring Breivik était un joueur assidu et il n'aura donc pas fallu attendre bien longtemps avant que son amour pour les jeux vidéo ne soit montré du doigt. Des titres tels que BioShock 2 ou Fallout 3 ont ainsi été cités, mais c'est surtout son intérêt pour World Of WarCraft et Call Of Duty : Modern Warfare 2 qui ont fait l'objet de commentaires. Ainsi, ce dernier aurait fait partie de son entraînement si l'on en croit son manifeste de 1500 pages... car il est bien connu que la visée avec une souris prépare à l'utilisation d'une arme de poing.
Spécialiste des tueurs de masse, Stéphane Bourgoin est rapidement intervenu et pour l'écrivain, il n'y a pas d’ambiguïté : « c’est un trait dominant chez ces meurtriers. Ils sont fascinés par des jeux vidéo violents comme World Of Warcraft. Ces jeux consommés à haute dose provoquent une désensibilisation par rapport à l’acte criminel. Dans d’autres jeux, pour franchir les différents niveaux, il faut parfois tuer un policier ou une femme enceinte. Celui qui joue est par définition acteur, il n’est pas passif. Certains jeux japonais, accessibles gratuitement en ligne, permettent d’incarner un violeur en série. Le joueur devient un participant actif et exprime ses fantasmes. »
Nous passerons sur les exemples volontairement exagérés à propos de la femme enceinte ainsi que sur « certains jeux japonais » (le Japon c'est mystérieux et l'inconnu ça fait peur) d'autant que le Japon est connu pour ses tueries symboles de passages à l'acte particulièrement fréquents. Intéressons-nous en revanche à l'exemple de World Of WarCraft qui montre une fois encore combien le jeu vidéo - coupable tout trouvé - est mal connu de ces « spécialistes ».
World Of WarCraft un jeu obsédant, déstabilisant voire désocialisant pourquoi pas... mais l'archétype de la violence ?
Aux dernières nouvelles, Anders Behring Breivik n'avait que deux personnages actifs sur World Of WarCraft, un niveau 85 et un autre niveau 27. Il a donc bel et bien joué au titre de Blizzard, mais quand on sait qu'il ne faut guère plus de quelques heures pour monter un personnage niveau 27, on se dit qu'on est déjà loin du joueur « compulsif ». Ce n'est pas tout, le Norvégien aurait attendu plusieurs semaines avant de se procurer la dernière extension du MMO, une extension qui a pourtant immédiatement ravivé la flamme chez de nombreux joueurs ! On pourra évidemment dire qu'il préparait déjà son acte prochain et qu'il n'avait plus le temps pour sa dévorante passion... Admettons... Le plus gênant est de toute façon ailleurs : citer World Of WarCraft comme exemple de la violence dans les jeux vidéo ? Un titre où l'on passe finalement plus de temps à parfaire son set, à peaufiner son arbre de compétences ou à écumer les maisons d'enchères ?
Que le jeu vidéo soit un loisir parfois déstabilisant, cela ne fait aucun doute. Que certains titres soient plus violents que d'autres, là encore c'est indiscutable... Mais pourquoi diable faut-il que les spécialistes de tout poil s'attaquent toujours aux mêmes cibles, sans le moindre discernement ? Même un organisme comme le PEGI - malgré ses faiblesses - ne déconseille World Of WarCraft qu'aux moins de 12 ans... Alors, même si le problème est sans doute plus complexe que cela, peut-être faudrait-il déjà voir à limiter la diffusion des armes à feu, non ?